Paradise Lost / Arkan
To The Past…
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Photos : Metallic.
Moment : 03/04/11.
Lieu : Le Bataclan (Paris 11ème).
Nous y voici donc, devant le Bataclan aux alentours des 13h, rejoignant un petit parterre de « die-hard » fans du groupe (membres des plus actifs du forum français exclusivement réservé à nos tristes anglais). Malgré la pluie et l’attente qui se voudra longue (très longue même !), le sourire est déjà sur les visages, signe d’une impatience difficile à contenir. Pourtant, ce petit clan se trouvera séparé durant l’après-midi, de par les pass VIP mis en vente pour l’occasion (mais dont le prix ne pouvait malheureusement fédérer tout le monde, tout comme sur un principe qui peut être discuté…). Ainsi, certains auront eu le droit à quelques morceaux non-joués durant le show « officiel » (« Sweetness » tout de même !), une séance de dédicace et moult souvenirs inoubliables. Votre serviteur n’a malheureusement pas eu accès à ces privilèges !
L’après-midi quelque peu plus avancée, il est à présent temps de pénétrer au sein du Bataclan, et j’investis le précieux premier rang. Etant donné le report de la date initiale, nous n’aurons pas eu le droit ce soir aux étranges suédois de Ghost en guise de première partie. Ils furent remplacés par les franciliens d’Arkan, pratiquant ce que nous pourrions appeler du métal gothico-oriental « burné ». En effet, nous pouvions clairement entendre ci et là des éléments faisant immanquablement penser à la tête d’affiche, mais de manière très fugace. Car l’aspect oriental est bien ce qui prend le pas dans la musique d’Arkan.
Je préfère être franc et direct : je ne suis pas du tout client de ce type d’ambiance de manière très générale, car je n’apprécie que très peu la chaleur mise en musique. Et autant vous dire que du métal orientalisé ne trouve quasiment jamais grâce à mes yeux. Pour la seconde fois que j’assiste à une prestation d’Arkan, le constat reste strictement le même, soit une alliance entre énervement et ennui. En effet, rythmiquement le moins que nous puissions dire est que les riffs ne sont pas des plus inspirés, manquant cruellement d’inventivité et d’audace. Le constat reste le même pour ce chant masculin, certes puissant mais sans âme. Concernant le chant féminin, tout comme The Outburst à l’époque, je reste toujours profondément sceptique devant une attitude exempte d’une quelconque sobriété, et bien trop masculinisée par ailleurs. Le rendu vocal demeure selon moi à l’image de cette attitude.
Ne nous méprenons pas, je ne pense pas que chant féminin doive nécessairement rimer avec niaiserie (comme tant de groupes de métal gothique en font tristement l’apologie). Mais peut-être y a-t-il un juste équilibre à trouver entre l’attitude potiche d’un Eyes of Eden et le masculinisme observé au sein d’Arkan. Mais cette subjectivité reste bien entendu la mienne, et n’engage en ce sens que mon maigre point de vue…
Pour synthétiser mon propos, je n’aurais absolument rien retenu ni ressenti de cette première partie, et je laisse aux amateurs d’Arkan le soin d’apprécier leur musique.
1) Origins
2) Inner Slaves
3) Tied Fates
4) Deus Vult
5) Groans Of The Abyss
6) Lords Decline
7) Blind Devotion
8) Chaos Cypher
A ma grande surprise, l’instrumentation habituelle du groupe fut agrémentée ce soir-là d’un clavier, ce qui est bien la toute première fois en 12 ans de concerts du groupe et environ une dizaine de prestations vécues. Et ce ne fut pas pour me déplaire ! Car cette différence s’est jouée dès le début du concert, avec une improvisation au piano pour introduire « Enchantment« . Considérer que l’ambiance demeurait simplement électrique relève d’une minimisation honteuse tellement l’audience semblait enfiévrée. En effet, c’est tel un seul homme que les paroles furent scandées par cette dernière, portant littéralement Nick Holmes vers les sommets ! De plus, dès ce morceau les guitares dégagèrent une puissance digne de 1995, « la grande époque » comme beaucoup la surnomment. Ceci restera un constat pour l’ensemble de la prestation, avec une assise rythmique solide. « Hallowed land » et « The last time » viendront confirmer cela avec brio, permettant de faire démarrer le concert sur les chapeaux de roue. D’ailleurs, des titres aussi souvent joués sur scène qu’ »Enchantment » et « The last time » auront malgré tout su briller ce soir-là, à ma plus grande surprise d’ailleurs.
Il est à présent temps de se focaliser sur une pièce majeure, « Forever failure« . J’attendais cette interprétation telle le messie ! Car il s’agit selon moi du plus beau morceau jamais composé pour Draconian times, et l’un de ceux jamais crée par le groupe dans toute leur carrière. Bien entendu, « Forever failure » sera interprété dans sa seconde version avec accompagnement orchestral (ce qui est également le cas pour la « Legacy edition » de Draconian times, sortie ces jours derniers). Bien que superbement interprétée, certaines imperfections m’apparaitront, et notamment une guitare lead un peu trop en retrait à mon goût (ce qui est peut-être partiellement lié à mon placement dans la fosse). De plus, Nick ne la chantera pas avec la même intensité qu’en 1995 (ce qui était prévisible, me direz-vous très justement), même s’il mettra tout en œuvre pour lui donner le plus d’éloquence possible. Et ceci est tout à son honneur. Au final, j’avoue donc avoir été quelque peu déçu par un « Forever failure » dont j’attendais évidemment beaucoup trop. Cela ne m’empêchera pas de me prosterner jusqu’à la fin de mes jours devant cette pièce unique de mélancolie pure…
A mon grand regret, « Once solemn » ne se sera pas vu enchainé à « Forever failure » (écueil que nous trouvons également sur le live de Anatomy of melancholy, de 2008). Au-delà de ce caractère trop pointilleux qui est le mien, je dois bien avouer que le rendu aussi bien de « Once solemn » que de « Shadow kings » fut des plus convaincants, bénéficiant de toute leur fougue originelle. D’ailleurs, Nick aura été tout à fait dans le ton à ce moment de la prestation.
Le concert passa ensuite à un exercice bien moins aisé avec un florilège de morceaux peu voir jamais joués sur scène. Or, cette seconde partie de Draconian times brille par sa mélancolie et il n’est à mon sens pas évident de savoir la retranscrire fidèlement. « Elusive cure » ouvra les tristes hostilités de manière remarquable, aussi heavy que souhaitable et à la guitare lead toujours aussi lyrique qu’elle le fut en 1995. J’avoue n’avoir pas grand-chose à ajouter au sujet de ce « Elusive cure » d’une fidélité déconcertante, nous faisant presque omettre que nous demeurions en 2011. « Yearn for change » s’inscrira dans cette dynamique, Gregor ayant su faire renaitre la rythmique d’antan, et la magie qu’elle occasionne. Et cette entêtante sentence finale… ce solo…
En termes d’interprétation, « Shades of God » bénéficiera d’une interprétation fidèle, mais pourtant un certain flottement se fera ressentir à ce stade de la prestation. Je ne suis pas le seul à l’avoir perçue, et j’avoue n’avoir absolument aucun élément permettant de l’expliquer. Le flottement sera de bien courte durée, cédant sous le solide solo de Gregor, sans faille. Le regain d’énergie se poursuivra avec le désormais classique « Hands of reason« . Malgré la difficulté inhérente à ce morceau, Nick sera vocalement très convaincant.
La fin de Draconian times approche et l’intensité se veut grandissante, avec en premier lieu un « I see your face » superbe. Le groupe aura su faire corps pour délivrer l’essence du morceau, portée par cette triste complainte guitaristique aux accents épiques. « Jaded » viendra enfoncer le clou, poignant de bout en bout : rien à dire, tout à ressentir…
Ce final était des plus délicats, répondant à la logique du tout ou rien, ne pouvant tolérer la non justesse. Or, le pari aura été remporté par Paradise Lost, ressuscitant d’antiques émotions qui ne sont finalement jamais perdues. Toutefois, oh que je regrette la trop courte durée de ces deux morceaux, et en particulier un « Jaded » qui s’avorte alors qu’à peine enfanté !
Bien entendu, réentendre l’intégralité de Draconian times ne peut que fournir le sourire aux lèvres (aussi paradoxal que cela puisse paraître), mais ne donna pas pour autant l’envie de stopper cette soirée. Or, c’est bien l’après-Draconian times qui questionnait les puristes. En effet, il s’agissait de savoir quelles vieilleries Paradise Lost oserait dépoussiérer pour une soirée aussi exceptionnelle. Et le constat s’avère au final décevant, le groupe préférant jouer la carte de la sécurité. En effet, le premier « encore » inclura trois pièces quasi systématiques lors de la tournée de Faith divides us – Death unites us : à savoir le morceau éponyme, « One second » et « Say just words » (ces deux derniers demeurant systématiquement joués depuis plus de dix ans). Certes, l’interprétation apparaît sans faille, notamment avec un « Faith divides us – Death unites us » oh combien maitrisé. Il n’y a également rien à reprocher aux deux autres morceaux, bénéficiant de toujours autant de sincérité d’âme.
L’audace sera malgré tout quelque peu rattrapée par un « True belief » oublié sur planches depuis trop longtemps. Et la magie opéra, la verte tristesse se déployant à nos oreilles. All I want is…
Le public parisien bénéficiera d’un second « encore ». The rise of denial permit de montrer que le groupe avait encore de l’énergie à offrir ce soir-là, exprimant également l’aisance du groupe à interpréter le plus récent opus de leur discographie.
A ma grande surprise, ce fut le classique « As I die » qui ponctua ce concert, me laissant une certaine déception. En effet, il fut très souvent interprété ces dernières années, même s’il faut souligner le caractère relativement traditionnel qu’il aura su reprendre avec Adrian Erlandsson derrière les fûts.
Track-list Paradise Lost :
1) Enchantment Encore (1) 13) Faith divides us – Death unites us Encore (2) 17) The rise of denial |
Que dire d’une telle soirée ? En premier lieu, le niveau d’interprétation demeura vraiment d’une grande qualité pour un groupe qui aura traversé tant de remous et de changements musicaux dans sa carrière. Ceci demeure le prolongement du constat pouvant être fait depuis leur plus récente tournée. Toutefois, nous pouvons regretter une prise de risque quelque peu réduite en termes de set-list, ce qui aura généré une série de petites déceptions durant cette soirée. Mais ne soyons pas médisants, car le rendu final reste vraiment hautement recommandable. Et je dois dire qu’il m’apparaît difficile de ne pas attendre de pied ferme de nouvelles prestations scéniques de Paradise Lost, tellement ce groupe prolifique sait exprimer la mélancolie sous une infinité de facettes. Une fois de plus, un grand bravo à ce groupe mythique.
Rédigé par Vlad Tepes.
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