Coilguns – « Commuters ! » (2013)

(Par Metallic)

Parution : Format : Label : Univers : Pays :
25 février 2013 LP Pelagic Records Metal Expérimental / Post-Hardcore Suisse

Coilguns - Commuters ! (2013)
Track-list :

Line-up de l’album :

Louis Jucker : Chant.
Luc Hess : Batterie.
Jona Nido : Guitare, basse, Mini-Moog.

Membres additionnels :

Keijo Niinima : Chants, Chœurs
(sur Minkowski Manhattan Distance).
Fabien Bedoy : Guitare
(sur Commuters Pt. 2, Blunderbuss Committee et Earthians).
Mathieu Guignard : Guitare
(sur Commuters Pt. 2, Blunderbuss Committee et Earthians).
Christoph Noth : Guitare
(sur Blunderbuss Committee et Earthians).
Mathieu Hinderer : Guitare
(sur Commuters Pt. 2, Blunderbuss Committee et Earthians).
Emmanuel Devaud : Basse
(sur Commuters Pt. 2 et Earthians).

La Suisse est peut-être un petit pays mais en terme de Metal, il sait être productif avec des groupes tels Celtic Frost, Hellhammer, Samael, Coroner, Knut, Nostromo, Kruger, Darkspace, Eluvetie, Shovel, Borgne, Enoid, Gotthard Gurd, Messiah, Xytras, Mirrorthrone, Mumakil, Nucleus Torn, Sadness, Sybreed, etc., et même si certains sont à parler au passé.
Mais je pense qu’aujourd’hui, nous pouvons rajouter dans cette liste le trio qui se nomme Coilguns. Le groupe est né de l’esprit de Jona Nido, guitariste de The Ocean, alors que le musicien était aux Etats-Unis. Très rapidement, Jona Nido écrit 3 titres, qu’il décide d’enregistrer en janvier 2011 avec Luc Hess et Louis Jucker, eux aussi membres de The Ocean, mais amis de longue date avant tout. Ces morceaux sortent sur un split avec Kunz, composé de Luc Hess et Louis Jucker. Rapidement, après quelques concerts, le combo sort « Stadia Rods« , son premier EP et enchaine les tournées en Europe. Ensuite, Coilgunssort un split en septembre 2012 avec les Allemands de Never Void et amorce en novembre l’enregistrement du premier album « Commuters ! » au Studio Mecanique à La Chaux-de-Fonds, la ville d’origine du groupe, dans le canton de Neuchâtel en Suisse.
Le groupe ne fait vraiment pas comme les autres et sort des conventions. L’album a été intégralement enregistré en direct et en une seule fois (sauf le chant). Ami de longue date, Keijo Niniima de Rotten Sound / Nasum est descendu en Suisse pour enregistrer sa voix sur une piste de l’album. Certaines chansons ont été enregistrées dans la salle de concert de la ville du Bikini Test avec jusqu’à 5 joueurs de guitare en même temps, le tout en live.
A savoir que Louis Jucker, en plus de chanter, jouait de la basse aux débuts du groupe, mais après le premier enregistrement il l’a vite délaissé pour se concentrer sur le chant et au « crowd fighting » (les pétages de plomb dans la foule). Coilguns n’ayant plus de bassiste, Jona trouva la solution : avoir devant lui un ampli guitare et basse, un plateau plein de pédales fait sur mesure pour lui permettre de sonner comme 2 joueurs de guitare et un bassiste. Jona utilisa également lors de l’enregistrement de ce premier album un mini-moog : c’est un synthétiseur analogique monophonique commercialisé en 1970 et dont la fabrication s’arrêta en 1981 mais reste une référence pour beaucoup (des groupes comme Pink Floyd, Toto, Marillion, Yes ou des compositeurs comme Vangelis et Jean-Michel Jarre). C’est pourquoi le mixage et le mastering effectué par Julien Fehlmann, un ami du groupe, s’est fait comme pour un groupe de Rock des années 70 et non un groupe de Metal actuel. Les Suisses désiraient vraiment ne pas tomber dans les clichés des productions modernes.
Quand je vous disais que Coilguns est non conventionnel, ça n’était pas des paroles en l’air.

Tout l’artwork, que ce soit sur la version CD digipack et sur la version LP (en trois coloris différents pour le vinyle), a été réalisé par Spitzhorn, un duo suisse spécialisé dans le design avant-gardiste. Les sérigraphies sont superbes : j’ai l’impression qu’elles représentent une mer très agitée qui se jette sur les falaises ou montagnes elles-mêmes noyées dans des nuages. Une certaine intensité et puissance en ressortent, tout comme un tumulte et une sensation de mouvements désordonnés. La pochette reflète plutôt bien la musique de « Commuters !« .
Mais niveau musique, que donne celle de Coilguns ? Je vais à ma manière vous la décrire pour les morceaux présents sur « Commuters !« .
Le premier titre, d’ailleurs éponyme de l’album, se décompose en deux parties dont la première  est musicalement une sorte de Post-Hardcore un peu barré qui explose dans tous les sens. Je pense que les trois lascars de ce groupe sont surtout un peu fous ou peut-être simplement épileptiques. Je les ai vu en concert au Glaz’Art sur Paris en septembre 2012 et Louis le chanteur sur scène ou hors-scène n’est plus lui-même pendant un show. C’est un peu déstabilisant la première fois mais maintenant je comprends mieux cette extériorisation scénique. On se laisse complètement aller, tout comme la musique ici-même. Un groupe qui veut se libérer de toutes contraintes et dépasse les barrières du style.

En effet la deuxième partie pose une ambiance totalement différente, pas plus brutale mais bien plus intense surtout avec les guitares supplémentaires et une deuxième basse. Un morceau plutôt répétitif et qui monte en puissance progressivement. Le chanteur à la voix hurlée détonne. La musique y est travaillée et beaucoup d’émotions s’y dégagent. Le début avec la voix me fait penser à celui de certaines chansons du groupe de Punk/Hardcore anglais Conflict. Un flot de paroles envahit la musique. Cette dernière les accompagne dans cette tourmente et ce long discours est vraiment prenant. Commuters Pt. 2 m’hypnotise complètement. J’ai toujours aimé ce genre d’ambiance ascendante et haletante. Je n’imagine même pas en concert la transcription de ce morceau où je me perdrai complètement, déconnecté de la réalité. C’est ça que j’attends d’un groupe qui s’aventure dans ce genre de morceau, nous faire vibrer et nous donner des frissons, des émotions incomparables, auditives et bien plus. Cette deuxième partie est un véritable eargasm.

Crédits : Gobinder Jhitta
Coilguns

Avec Hypnograms, nous repartons sur des chemins tortueux et psychédéliques, voire rock’n’roll. Ici pas de pur Hardcore, Metalcore ou autres. Coilguns mixe le tout avec merveille en ajoutant sa touche personnelle, un véritable melting pot Metal et expérimental.

Machines of Sleep se veut plus brutale que les autres et plus directe. On a même droit à un chant à la Deftonesvers la fin, sûrement une source d’inspiration.
Un peu comme la première partie du premier titre, on retrouve ici avec Plug-in Citizens un Hardcore barré accompagné d’une voix trafiquée.

Les membres de Coilguns sont-ils épileptiques ? En tout cas, ils n’ont pas peur de l’expérimentation, de faire du bruit et du Noisecore au final. Le guitariste Jona Nida par exemple envoie des sons dans tous les sens et cela à une vitesse incroyable sur Submarine Warfare Anthem.

Là pareil sur Minkowski Manhattan Distance pas le temps de s’ennuyer, c’est très efficace. Ça envoie sévère ! C’est une sorte de Hardcore plutôt brutal et intense, avec cette voix hautement saturée, typique dans ce milieu. Et justement c’est là que Keijo Niniima de Rotten Sound / Nasum intervient. Coilguns y apporte sa touche personnelle tout en y incorporant des passages lents, sombres et torturés.

Le début de cette nouvelle chanson Blunderbuss Committee me fait penser aux ambiances Post-Rock du groupe Abestoscape mais avec davantage de guitares. Tout le morceau sera ainsi d’ailleurs et j’adore !

Là avec 21 Almonds a Day nous repartons dans un Post-Hardcore dans lequel le groupe excelle. Je ne peux m’empêcher de penser à Deftones évidemment. L’inspiration est présente mais les Suisses ne sont pas là pour copier encore une fois qui que ce soit.

Au vu du prochain titre Flippists / Privateers, Coilgunsfait ce qu’il veut. La base est principalement Hardcore et s’articule autour et vient se greffer plusieurs éléments que le groupe utilise comme bon lui semble.
Earthians clôture « Commuters !«  une nouvelle fois avec une ambiance très Post-Hardcore et torturée. Les vocaux sont ici un peu en retrait mais sont hurlés. Décidément Coilguns est maître en la matière dans l’art de l’ambiance obscure, inquiétante, angoissante et rythmée. Les guitares et la basse additionnelles accentuent l’ensemble. Et moi j’adore définitivement ce style. Ça vous prend vraiment aux tripes. Le morceau finit sur une distorsion ne s’arrêtant plus. Oui je n’ai vraiment pas envie que cet album s’arrête mais tout a une fin. Les paroles terminent de cette dernière chanson terminent sur « Are we earthians ? », et justement je me pose encore la question pour les membres du groupe suisse. Ils ne sont pas humains pour avoir fait un tel album.

« Commuters !«  est un peu comme un coup de pied dans la fourmilière. Coilguns a décidé de modifier les habitudes et les codes plus ou moins établis dans le Hardcore et de repousser les limites. Je ne dis pas qu’il révolutionne le genre mais le groupe prend de nombreuses libertés et des risques dans la composition de ses morceaux. Il apporte tant qu’il le peut sa touche personnelle et ça fonctionne. Le résultat est réellement authentique. Les paroles sont barrées et haut perchées mais sont en adéquation avec la musique.

Cet album est excellent en tout point. C’est une vraie réussite et Coilgunsest composé de musiciens aux talents indéniables. « Commuters !«  est une pure merveille et je le conseille à tous les Hardcoreux désirant une musique sortant des sentiers battus et aux personnes recherchant une musique Metal différente des productions conventionnelles.
Je suis maintenant prêt pour une nouvelle claque, que ce soit sur scène ou pour un prochain album.

2014/Février 2015,
Rédigée par Metallic.
Crédits : Gobinder Jhitta
Coilguns
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