S.C.D. – « Sheep’n’Guns » (2011)
(par Metallic & Lucy Dayrone)
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Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
Septembre 2011 | LP | Auto-production | Death’n’Grind groovy | France |
Line-up :
Duff Rodriguez : Basse. |
Membres additionnels :
Aucun. |
Le groupe français est apparemment abonné aux galères et aux difficultés. Mais c’est ce qui fait aujourd’hui les forces de Sublime Cadaveric Decomposition, la détermination et la persévérance ! J’espère que cette fois-ci sera la bonne pour eux. Le groupe a déjà un certain succès dans la scène Underground mais pour ma part il en mérite davantage.
Certains vont sûrement crier au scandale car Sublime Cadaveric Decomposition s’est modernisé afin de s’adapter au marché et d’en finir avec leurs déconvenues. C’est vrai, beaucoup de choses ont changé depuis « Inventory of Fixtures » sorti en 2007 chez Bizarre Leprous Production. A commencer par le nom du groupe, Sublime Cadaveric Decomposition s’est transformé en abrégé pour S.C.D. Comme pour le logo et la pochette d’album, fini le côté gore, place à la sobriété, au renouveau et à quelque chose de plus actuel et accessible, (trop ?) peut-être vous me direz-vous. Le tout est en tous les cas épuré, leur époque sanguinolente et gore a disparu.
Par contre le line-up reste inchangé et c’est même Dirk Verbeuren l’ancien batteur qui comme sur « Inventory of Fixtures » officie derrière les fûts sur le nouvel album, et pour une fois a enregistré de ses studios aux Etats-Unis. C’est une bande de potes soudée et remontée à bloc qui nous revient en pleine forme.
La production de « Sheep’n’Guns » a gagné en puissance et en efficacité. Elle est vraiment travaillée. Je trouve que ce nouvel album est parfaitement produit. Le travail y est remarquable d’un bout à l’autre. Et que dire du travail de chaque musicien, leurs jeux ont véritablement gagné en qualité et en précision au fil des années.
« Sheep’n’Guns » est composé de 14 titres pour une durée de 40 minutes. C’est court mais plutôt normal pour un album de Death’n’Grind. Celui-ci est un authentique raz-de-marée sonore que je vous décris et décompose ci-dessous, avec les paroles décortiquées par notre dévouée Lucy Dayrone :
- Duty : Le premier morceau est une introduction sous forme de mise en bouche. Elle est courte et mystérieuse car je ne sais pas à quoi m’attendre une fois celle-ci terminée.
- The Garden of Nature : Nous retrouvons des riffs incisifs à la Comecon époque « Megatrends in Brutality » (1992), groupe suédois avec comme line-up le chanteur L-G Petrov d’Entombed. Mais il y a surtout des riffs principalement à la Carcass époque « Heartwork » (1993). D’ailleurs les vocaux ainsi que les backings vocaux de S.C.D. sont vraiment proches de ceux du groupe de Liverpool, c’est-à-dire ceux de Jeff Walker couplés avec ceux de Bill Steer.
- Repayment in Kind : C’est un morceau avec un rythme effréné. Je retrouve à la fois la touche Carcass mais également celle de Napalm Death.
- A Flash of Lightning : De la même manière que le titre précédent, nous retrouvons les mêmes influences dans les guitares et le chant, avec des riffs plus punk à la Napalm Death.
- The Lull Before the Storm : Les riffs à la Comecon refont surface sur ce morceau dans les passages mi-tempo tandis que dans les passages rapides je reconnais Napalm Death.
- We Plead Guilty : C’est un morceau plus groovy que les précédents.
- The Free Play of Forces : Encore un titre groovy dans lequel nous retrouvons des influences déjà précitées.
- Under a Visible Leader : Pour ma part je trouve que c’est le titre le plus groovy de l’album « Sheep’n’Guns » avec des influences prononcées à la Carcass époque « Heartwork » dans le son des guitares et des riffs.
- The Yoke of Slavery : Ça envoie, ça tape, le rythme devient frénétique voir avec un petit côté Punk, mais toujours un très habile et efficace Grind.
- Part of Happiness : Le morceau le plus joyeux ? Non c’est juste le morceau le plus véloce et le plus jouissif de ce nouvel album de S.C.D. L’excellence du Grindcore ! Un titre qui est vraiment super entrainant. Une claque ! Un tube !
- Cogs and Wheels : Ce titre enfonce un peu plus le clou avec sa rythmique endiablée.
- The Realm of Fake : La machine S.C.D. ne s’arrête plus. La mécanique est rodée et le tempo ne s’affaiblit pas sauf pour nous assommer de vocaux biens gutturaux.
- The Idea of End : Les derniers morceaux se veulent plus brutaux, plus rentre-dedans et ce qui est agréable est qu’ils sont plus personnels musicalement. Même si l’ombre de Carcass est toujours présente sur les riffs mi-tempo. Ça cogne et ça continue tout au long de cet avant dernier titre. C’est la frénésie S.C.D. qui s’est installée dans mon esprit pour ne plus me quitter.
- Phantom of Pleasure : Ici le plaisir ressenti n’est pas fantomatique. Il est bien réel après l’écoute d’un tel album et de ce dernier morceau qui achève superbement l’album « Sheep’n’Guns« .
“Le jardin de la nature“ est une sorte d’Eden pour adeptes du Carpe Diem. Ni foi ni loi, seuls désir et plaisir. Il y a là l’avertissement presque divin, le jour de la repentance où les corps brûleront sous les maux plus que sous les joies charnelles ; les plaisirs vils et l’esprit limité rencontrant tôt ou tard leurs pathétiques reflets dans le miroir de demain dont ils ne verront que le plus réducteur côté de l’humain.
“Remboursement en nature“ représente “l’œil pour œil dent pour dent“ d’une loi cruelle : la mise à mort. Juger l’un des siens, engager un autre des siens, pour assassiner devant les siens un homme, parce que la loi le requiert. En punition, en exemple, oui mais un homme. Une vie sensible, un être de chair, une conscience que l’on condamne, avec rien qu’une loi.
Le texte signe l’absurdité du bourreau, le mépris de la justice, le droit à la vie, personnel, magnifique droit de vivre.
“Le temps d’un éclair“ prend le sujet de l’avortement sous la forme la plus essentielle : effacer une erreur. Ne pas rentrer dans une vie de misère pour préférer aller de l’avant, oublier le viol, le verre de trop, ou l’accident. Trouver le juste milieu, l’acceptation de cela, mais avant tout, se dire qu’il y a pire que cette justice que la femme se rend : les crimes contre l’humanité.
“Le calme avant la tempête“ résume en quelques mots que la terre a eu un avant homme et aura un après. Qu’elle subsistera après notre disparition, “la tempête“.
Le titre “Nous l’avouons“ se base sur les religions et leurs fidèles qui insultent les non-croyants de mécréants, libres, tandis qu’eux craignent le “Tout-Puissant“.
“Le libre jeu des forces“ nous place face à l’égalité des hommes, qui n’existe pas. Toujours des forts, des faibles, dans un insensé et interminable affrontement… Un monde de rêve dont les hommes font un cauchemar.
“Sous l’autorité d’un chef bien visible“ dénonce le despotisme, les idéologies politiques, pointant du doigt les stéréotypes, la bêtise et la perte d’identité de la masse.
“Le joug de l’esclavage“ incite à la liberté de l’être, criant que l’homme est né libre, qu’il est son propre maître. Il y a l’écœurement de l’esclavagisme sous toutes ses formés, mais aussi celui de l’utilisation de l’homme à des fins meurtrières.
“Partie du bonheur“ ou l’hymne à la corruption née de l’argent. Luxe, richesse, abus conséquents à la possession ou à la courtoisie, tout ce qui mène l’homme à sa perte, alors qu’au début seul le sein et la chaleur de sa mère suffisaient.
Avec “Les roues et vis“, on comprend l’aversion que le parolier a pour les masses robotisées, qui se font la guerre avant d’apprendre à vivre.
Avec “Le règne du faux“ c’est toujours aux masses que le chanteur s’adresse, crachant sur la bêtise et le manque de personnalité de ceux qui nous dirige et nous impose des opinions toutes faites.
“L’idée de fin“ parle du suicide, peut-être de façon trop abstraite ; préférant rester sur la ligne de l’espoir, du courage et de l’âme battante.
“L’illusion du plaisir“ offre une fin d’album comme une sentence, ce couperet qui tranchaient les vies de sa lame nommée “destinée“. Le matérialisme, l’accumulation des richesses, la célébrité… autant de plaisirs pourris qui empoisonne l’homme.
Globalement, cet album est un nid de révolte contre la bêtise, la facilité, la cruauté et le despotisme. Il souffle un vent de liberté, sifflant l’espoir, car si les paroles sont relativement sombres, le message n’en est pas moins lumineux.
L’album de Sublime Cadaveric Decomposition est en définitive à écouter en boucle sans aucune lassitude. Le groove du groupe a réellement apporté quelque chose de neuf et de frais dans leur production et dans le genre Death’n’Grind.
S.C.D. connait certes ses classiques par cœur (Carcass) mais il tient à apporter sa propre touche personnelle. J’ai rarement entendu un album d’une telle qualité dans ce genre que ce soit en France ou dans d’autres pays. La production y est pour beaucoup mais le travail de chacun musicien est également fabuleux de précision. Chaque instrument a sa place et a son importance. Nous avons à faire à d’excellents musiciens. C’est un plaisir pour les oreilles !
15 ans d’existence, cet album est un beau cadeau d’anniversaire pour nous les fans. Serait-ce enfin le moment de la consécration ? S.C.D. ne peut plus rester ainsi dans l’ombre. Sa présence dans de nombreux festivals cet été dont par exemple le Hellfest 2012, l’Obscene Extreme Festival et le Motocultor Festival Open Air, ne présage que du bon pour le présent et l’avenir. J’en suis persuadé !
« Sheep’n’Guns » est l’album de Sublime Cadaveric Decomposition le plus abouti à ce jour et une des meilleures productions dans le genre. C’est le chef de file du mouvement Death’n’Grind en France.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire, écouter « Sheep’n’Guns » en boucle, achetez-le et soutenez ce fabuleux groupe comme il se doit. Vous ne serez pas déçus, cet album est tout simplement une tuerie !
Vive S.C.D. et à très bientôt dans la fosse pour le Hellfest 2012, mais avant cela au Glaz’Art sur Paris le 17 mai !
www.myspace.com/sublimecadavericdecomposition
Où se procurer l’objet ?
scdmusic.bigcartel.com/product/scd-sheep-n-guns-deluxe-digipack-album
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