Make A Change… Kill Yourself / The Great Old Ones / Void Inside
Agonie de soi…
(par Metallic)
|
Lieu : Le Klub (Paris 1er).
Et pourtant cette soirée n’a failli jamais avoir lieu. Initialement le groupe danois Make A Change… Kill Yourself devait faire une tournée européenne de plusieurs dates aux côtés du groupe bordelais The Great Old Ones, ainsi que de Finster et Utarm.
Malheureusement et comme ça peut arriver de plus en plus, le tourneur de cette tournée Agonal Hope Concerts a voulu être plus gourmand financièrement et demandait juste à quelques jours, 3000 euros supplémentaires à MACKY pour le bus de la dite tournée. Argent que le groupe danois n’avait sûrement pas, ce qu’il le contraignit alors à annuler complètement la tournée européenne. Ce qui induit que les trois autres groupes devaient également annuler leur présence de leur côté, alors que certains membres comme dans TGOO avait pris 10 jours de congés exprès. Une catastrophe en soit dans la vie d’un petit groupe underground.
Malgré tout Make A Change… Kill Yourself a fait des pieds et des mains pour que certaines dates soient maintenues, ce qui impliquait qu’il fallait se débrouiller sans l’aide du tourneur. Seules deux dates subsistaient au final, celle de ce soir sur Paris et celle de Zurich en Suisse.
Malheureusement Utarm et Finster ne pouvaient plus être de la partie. Seuls The Great Old Ones pouvaient assurer ces deux dates.
Vous remarquez qu’il y a tout de même des gens incroyables qui se bougent dans le milieu underground, même face à de telles difficultés. Je remercie évidemment MACKY mais j’ai une pensée toute particulière pour l’association parisienne Les Acteurs de l’Ombre qui organisait la date parisienne au Klub ce lundi soir de décembre. Ils se sont donnés à fond pour nous proposer une soirée de qualité et d’exception. L’association a réussi à trouver très rapidement un troisième groupe pour la soirée, les parisiens de Void Inside.
Soulagement et joie intense !
Après ces péripéties, je m’en vais vous conter cette soirée. Arrivé en avance au Klub pour être sûr d’être bien placé, je fais déjà deux constats. Le premier, le concert se passe dans la salle du sous-sol ; et le deuxième, la foule n’est pas vraiment présente. Sur l’évènement Facebook, il était indiqué 120 réservations possibles et je ne suis pas sûr que ce soir nous ayons atteint ce nombre.
D’accord les gens ne sont pas forcément venus pour la première partie mais de voir si peu de personnes est un fait habituel sur Paris. Ca n’est pas la musique de Make A Change… Kill Yourself qui me déprime mais c’est de voir que les métalleux ne se bougent pas davantage pour les concerts, ils préfèrent aller se saouler au Black Dog par exemple.
Je ne rentrerai pas davantage dans la polémique car ici n’est pas le sujet. Les absents ont toujours tort de toute manière et ils s’apercevront vite qu’ils ont raté une sacrée soirée.
La première partie ce soir est donc un groupe local. Il s’agit du jeune groupe Void Inside et il officie dans une sorte de Metal extrême et progressif.
Je remarque immédiatement un certain décalage entre le chanteur et les autres musiciens du groupe. Ils ont une attitude différente. Les musiciens étant sérieux et concentrés tandis que le chanteur se noie dans l’alcool tout en chantant la bouteille à la main. L’attitude ne me dérange pas en soit, c’est plutôt rock’n’roll mais le chanteur n’a pas l’air à l’aise sur scène pour ce genre de désinvolture. Je ne sais trop l’expliquer, c’est mon ressenti. Il manque un petit quelque chose pour faire la différence, peut-être de l’assurance et du charisme. Je ne connais pas le groupe, je me trompe sûrement.
Musicalement parlant, Void Inside est plutôt bon. Les musiciens sont expérimentés comme par exemple le bassiste et les guitaristes. Le batteur s’étant pris à un moment donné la bannière du groupe sur le visage, ne baissa pas les bras pour autant. Pourtant je le trouve un peu trop crispé sur ses fûts, comme si ses coups étaient trop retenus et au final ils n’ont pas eu l’impact voulu.
Le chanteur se déhanche comme un damné éméché au rythme de chaque titre. Dans la musique nous retrouvons aussi bien du Metal extrême et du Heavy que du Black Metal old school. Le tout n’est pas dégueulasse et n’est pas dénué d’intérêt mais le son de ce soir ne m’a pas permis de découvrir convenablement Void Inside.
Peut-être les reverrais-je une autre fois pour mieux me rendre compte ? Je l’espère car je n’aime pas resté ainsi sur une première impression entachée.
Le deuxième groupe est également français et j’attends depuis longtemps de le voir en concert, depuis que j’ai découvert The Great Old Ones avec leur premier album « Al Azif » sorti cette année chez Les Acteurs de l’Ombre Productions.
Raté par deux fois au Black Metal Is Rising VI ainsi qu’au Nouveau Casino aux côtés des norvégiens d’Aura Noir durant le mois d’octobre de cette année, je ne pouvais pas les louper une troisième fois.
C’est avec grand enthousiasme que je les vois déployer et préparer leur matériel sur la petite scène du Klub. L’adrénaline est à son comble et là c’est parti pour que je me prenne une claque monumentale d’environ 1 heure.
« Al Azif« , l’album de TGOO est une des révélations de l’année 2012 pour ma part. Cet album est une pure merveille et il renferme ce qu’il y a de mieux dans le Black Metal : rapidité, ambiance, atmosphères aériennes et sombres, voix criardes, excellence dans l’alternance et j’en passe encore.
Ce soir The Great Old Ones va nous offrir sur scène l’intégralité de leur album et les émotions seront au rendez-vous, elles vont m’envahir tout le long de leur show. Je me délecte de chaque son qui découle de leur musique. Celle du groupe bordelais est bien plus intense en concert que sur album. Il ne manquerait plus qu’une autre scène, plus grande et un décor soigné, et le concert serait parfait je pense.
Pourtant malgré la simplicité des musiciens, pas de looks surfaits et pas de corpse-paint, TGOO nous délivre un concert d’une très grande qualité, d’un professionnalisme certain avec des musiciens soudés et passionnés pour leur musique. Il s’y dégage une atmosphère particulière. Dès le premier morceau éponyme de l’album « Al Azif » le groupe place la barre très haute et nous en avons plein les oreilles. Je vous laisse découvrir la vidéo de ce fabuleux morceau, le plus réussi de l’album pour ma part :
Vous pouvez remarquer qu’avoir trois guitaristes dont deux chanteurs rajoute de l’amplitude et du volume à la musique, de la puissance et des émotions plus appuyées. La musique est du coup très riche.
Chaque morceau de l’album “Al Azif“ vont se succéder et être joués parfaitement, n’apportant aucune lassitude à l’écoute. Au contraire, nous sommes constamment assaillis de riffs rapides et accrocheurs ainsi que de vocaux alternés et puissants.
Je ne vois pas le temps passer alors que l’album a déjà été joué entièrement. Je me dis que cet instant magique fût trop court mais le groupe a apparemment encore du temps pour nous jouer un dernier morceau. The Great Old Ones va nous offrir un dernier titre, une reprise étonnante puisqu’il s’agit de Bachelorette, chanson de l’artiste Björk. Non non vous ne rêvez pas et vous pouvez apprécier le résultat détonnant de cette reprise en vidéo :
Un dernier morceau très bien exécuté par les musiciens, à la sauce Black Metal et vraiment réussi je dois dire.
Je suis entièrement satisfait du concert de TGOO. Je n’en attendais pas autant. Et pourtant si, de ce concert mais la prestation du groupe a complètement dépassé mes espérances.
Le son était très bon par rapport à Void Inside. Les musiciens jouaient très bien, je n’ai rien à rajouter de plus sur leur concert donné ce soir au Klub. Je savoure juste ce grandiose moment que je viens de vivre.
Je n’ai plus qu’à attendre leur prochain passage dans les environs. Le public était en tous les cas présent pour le groupe bordelais et m’a semblé satisfait.
Un immense merci à The Great Old Ones pour leur superbe concert.
Je ne peux vous dire qu’une seule chose : achetez leur album “Al Azif “ les yeux fermés ! Si vous hésitez encore, écoutez-le librement dans son intégralité sur la plateforme Bandcamp.
Vous ne pourrez plus vous arrêter de l’écouter. Enfin, je vous le souhaite !
1) Al Azif
2) Visions of R’lyeh
3) Jonas
4) Rue d’Auseil
5) The Truth
6) My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn)
7) Bachelorette (Björk cover)
Après un tel concert, une pause est bénéfique. Surtout que la suite risque d’être éprouvante.
L’atmosphère va être lourde, pesante, dépressive, maladive, voir terrifiante. Bienvenu dans le monde chaotique de Make A Change… Kill Yourself. Le groupe danois est une référence sur la scène DSBM (Depressive Suicidal Black Metal). Peut-on vraiment parler d’une scène d’ailleurs ? Dès que des groupes de Black Metal parlent de suicide, de destruction de soi, de dépression profonde, de désespoir abyssal, devons-nous forcément les cataloguer dans une scène plus particulièrement ? C’est juste du Black Metal traitant de sujets particuliers. Sinon autant créer d’autres scènes comme le Lovecraft Black Metal, l’anti-christian Black Metal, etc, non ? Enfin bref.
Le leader de Make A Change… Kill Yourself n’est autre que celui du groupe Angantyr. MACKY est un projet solo. Ynleborgaz en est à son troisième album et le dernier fraîchement sorti après une longue absence de 6 années s’intitule “Fri“.
Je ne sais pas si l’occasion se présentait ainsi mais Ynleborgaz a réussi à trouver des musiciens de session pour promouvoir ce nouvel album et ce pour la première fois sur scène.
Comme je vous l’ai précisé au départ, une tournée européenne de douze dates était prévue. Heureusement celle de ce soir a pu se réaliser. C’est une chance que chacun ne mesure forcément.
Ynleborgaz ne s’est pas entouré de n’importe qui puisqu’à la deuxième guitare est présent Lord Lokhraed du groupe français de Black Metal Nocturnal Depression, et à la batterie Skogsvandrer du groupe français de Black Metal également Myrkvid (si mes sources sont correctes). Par contre, je ne saurais vous dire qui est le grand bassiste présent sur scène.
Les préparatifs vont être plutôt longs surtout au niveau des balances. Les musiciens se mettent plusieurs fois en situation de jouer, 3-4 fois, pour enfin sortir de la scène pour se préparer, maquillage sûrement.
Et là dès leur retour et arrivée sur scène, c’est la surprise. Je suis impressionné par la monstruosité des visages et masques de deux musiciens. Ynleborgaz, le chanteur/guitariste a un très beau maquillage, froid et épuré. Celui du batteur Skogsvandrer est très classique. Par contre celui du bassiste et du deuxième guitariste Lord Lokhraed sont très morbides. Ils ont vraiment réussi et sont terrifiants de réalisme. Ils portent des masques en latex couleur chaire et ensanglantés. Leur silhouette parait difforme et inhumaine, c’est impressionnant. La bouche pleine de sang, Lord Lokhraed est bien plus réaliste de par son handicap à la main gauche. Pour celles et ceux qui ne le savent peut-être pas, il a une malformation à cette main. Et j’ai été stupéfait durant le concert ca r ça ne l’empêche pas de jouer de la guitare et de placer des riffs même si principalement barrés.
L’ambiance morbide est installée, bienvenu dans l’horreur de Make A Change… Kill Yourself.
Le groupe va débuter par le premier titre Fri Fra Denne Verden du dernier album « Fri » (Black Hate Productions, 2012). Vous pouvez découvrir ce splendide morceau en vidéo juste-ici :
Douze minutes environ d’un Black Metal à la voix maladive et aux riffs crades. De la musique Underground sur laquelle je m’extasie totalement. J’ai l’impression que le rythme est un peu plus soutenu que sur album et ce n’est pas pour me déplaire.
La voix de Ynleborgaz est très torturée tout comme peut l’être les deux autres musiciens à ses côtés, à tête inhumaine. Ils se posent devant nous comme des monstres venus des profondeurs des abîmes. Même si c’est imagé le résultat dans l’ensemble est très réussi.
MACKY jouera également de la même manière, le deuxième morceau du dernier album, il s’agit de la chanson Livets Gave. Tout le désespoir et la déchéance extrême s’abattent sur le public littéralement conquis. Le groupe va ensuite revenir dans le passé avec son premier album éponyme (Total Holocaust Records, 2005) et son morceau Chapter III. Une pure merveille de sentiments profonds et malsains, un mal-être insaisissable.
Make A Change… Kill Yourself enchaîne avec un quatrième morceau cette fois-ci bien plus long. Il s’agit du dernier morceau du dernier album, Sjælefred, enregistré en vidéo par mes soins. Par avance je m’excuse s’il manque les trois dernières minutes du morceau.
Ce titre est habilement long et répétitif pour mieux instaurer cette atmosphère si torturée. Ca en devient lancinant comme si nous étions hypnotisés et possédés par cette musique. MACKY y joue un Black Metal dépressif et ambiant des plus réussis avec des ambiances travaillées. Et le son était très bon.
Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Je fus subjugué par la musique du maître danois. Il est difficile de rentrer pleinement dans les pensées d’Ynleborgaz mais on imagine aisément qu’elles sont très noires et compliquées. La musique s’arrête malheureusement, les musiciens quittent la scène du Klub et nous quittent déjà.
Un concert d’une rare intensité et pourtant si court pour ma part. J’aurais tant aimé entendre mon titre préféré, Fooling the Weak mais là nous repartions pour plus de 18 minutes. Je comprends, difficile à caser. Je ne vais pas me plaindre car c’est une réelle chance d’avoir pu voir un tel groupe sur scène à Paris.
Un concert unique d’un groupe unique !
1) Fri fra denne verden
2) Livets gave
3) Chapter III
4) Sjælefred
Je ne remercierais jamais assez Ynleborgaz de Make A Change… Kill Yourself et ses musiciens, ainsi que les groupes présents. Puis également Les Acteurs de l’Ombre dont la devise est « L’amour de l’art restera à jamais notre ligne de conduite ». Je ne peux que l’approuver car sans tous ces acteurs de l’ombre et le public présent ce concert n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Et il a eu lieu. La soirée fut superbe et magistrale. Void Inside est un groupe à découvrir davantage. The Great Old Ones nous a joué son chef-d’œuvre d’une main de maître, et Make A Change… Kill Yourself excelle dans son art de torturer l’homme et son esprit, ses sentiments compliqués et ce dans une agonie lente et profonde de soi. De l’anti-existentialisme à l’état brut.
Une soirée en cette fin d’année 2012 que je ne suis pas prêt d’oublier.
Rédigé par Metallic.
Laisser un commentaire