Heirs / Soror Dolorosa / A Dead Forest Index
Chasseurs d’émotions…
(par Metallic)
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Moment : 17/09/12.
Lieu : Espace B (Paris 19ème).
Je m’y rends pour la première fois et j’ai quelques aprioris sur des faits rapportés sur cette salle tels que des problèmes de son et surtout d’une chaleur étouffante.
Je vais voir par moi-même et me faire mon propre avis.
Au premier abord, l’entrée ouvre sur un bar attenant à la salle. Il est certes petit mais plutôt accueillant. La salle se trouve au fond d’un petit couloir derrière une porte.
Un membre de Soror Dolorosa gère les entrées. Il s’agit d’une tournée underground qui se fait en « famille ». Elle est gérée principalement par le label OSCL Records qui est tenu entre autres par le batteur de la tête d’affiche de celle-ci, le groupe australien Heirs.
Dès mon entrée dans la salle de concert, je suis stupéfait du peu de personnes présentes. Elle est quasiment vide.
Le tout premier groupe de la soirée vient juste de commencer à jouer. Il s’agit des australiens d’A Deep Forest Index. C’est leur premier show en France. Le groupe est uniquement composé de deux membres, deux frères, Sam à la batterie et backing-vocals et Adam Sherry au chant et à la guitare.
Comment peut-on résister à leur musique si minimaliste ? Découvert sur la plateforme Soundcloud, immédiatement j’accroche à celle-ci sur scène. La musique du combo australien se veut ambiant, Post-Rock et elle me prend vraiment aux tripes. Chaque note est travaillée et appuyée afin de lui donner davantage de poids dans cette atmosphère lourde et pesante, mais de façon très progressive. Ces notes se veulent précises et aucune n’est laissée au hasard. Elles ont chacune leur importance afin que la musique qui en ressorte touche le spectateur au plus profond de lui-même.
Le peu de personnes présentes à l’Espace B étaient hypnotisées et prenaient plaisir comme j’ai pu le prendre, d’écouter ce jeune groupe australien.
Un groupe à découvrir d’urgence mais dans des conditions optimales, telles qu’en live ou au casque les yeux fermés, pour en saisir toute la profondeur.
Justement A Dead Forest Index a sorti son premier album chez Denovali Records/OSCL Records. Vous pouvez justement retrouver sur notre site de partage de musique, leur EP « Antique » en écoute intégrale : cliquez-ici !
Je vous recommande d’y jeter au moins une oreille.
Après s’être aéré un peu, je retourne dans cette petite salle qu’est l’Espace B. Je vais pouvoir enfin voir un groupe que j’avais raté en première partie des Discrets et d’Alcest au Glaz’Art sur Paris, suite à un problème d’horaires (lire le live-report de cette soirée)
Il s’agit du groupe français Soror Dolorosa avec en son sein le chanteur charismatique et réservé Andy Julia.
Il est également pour celles et ceux qui ne le savent pas un photographe talentueux et reconnu.
Il provient de la scène underground Black Metal française. Il est donc plutôt surprenant de le retrouver aujourd’hui dans un tel registre, un dandy accoutré de son éternelle veste en cuir recouverte de pin’s et de badges, torse nu sous celle-ci. J’aurais tendance à penser qu’il vient d’un autre temps et effectivement il en est ainsi pour la musique du groupe également.
Le style de Soror Dolorosa se veut plutôt old-school dans l’ensemble. Nous retrouvons le groupe au travers du punk et du rock gothique principalement. Il peut nous faire penser par moment à un certain The Sisters Of Mercy mais ici les toulousains apportent vraiment leur touche, délicate et intimiste.
L’héritage de ses paires est là, mais avoir un tel groupe qui représente aussi bien le rock gothique en France est rare.
Et sur scène que donne un tel groupe ?
Sur scène la configuration est classique, sans clavier et samples inutiles, pas de fioritures.
Soror Dolorosa nous déballe le grand jeu, la panoplie de ses grands tubes, sous une lumière plutôt tamisée et simpliste (difficile d’ailleurs de prendre des photos dans ces conditions-ci).
Le problème ce soir est avant tout le son, car il est loin d’être à la hauteur, une batterie trop forte et surtout au niveau du chant. Le son du micro est trop faible et d’ailleurs d’humeur lunatique. La moitié du set sera gâché à cause de lui et ne sera changé par l’ingé-son seulement suite à l’insistance du public et puis enfin du groupe.
Nous n’entendions pas assez la voix envoûtante d’Andy alors que celle-ci a véritablement son importance au sein du groupe. A cause de la batterie, la guitare et la basse se sont retrouvées en retrait par moment. L’ensemble étant mélangé à des bruits insupportables et discontinus, provoqués par le dit micro d’Andy.
Malgré tout j’apprécie ce concert et d’enfin voir le groupe sur scène. Un des grands moments de cette soirée fut pour moi le morceau Autumn Wounds tiré de l’album « Blind Scenes » sorti en 2011 chez Northern Silence Production. Je vous laisse d’ailleurs découvrir cet excellent titre en vidéo :
La voix d’Andy y est certes faiblarde sur la vidéo mais dans la salle ça rendait vraiment bien, Andy derrière ses lunettes noires, possédé et passionné, et Franck martelant sa batterie sans relâche. C’est un frappeur, un cogneur de première. La basse d’Hervé est primordiale au sein du groupe et il a fait une excellente prestation je trouve, même si lui et le guitariste Nicolas Mons sont restés plutôt discrets et statiques.
Andy, le chanteur, a véritablement la gestuelle d’un dandy. Il est réservé et très posé. Chacun de ses gestes est délicat. Et pourtant il a l’air possédé, ailleurs, dans son monde, un côté rock’n’roll par moment à la Ian Curtis (R.I.P.) de Joy Division.
Je ne connais pas encore très bien la discographie de Soror Dolorosa mais j’ai entendu ce soir entre autres Beau Suicide, Low End et Crystal Lane. Puis le groupe toulousain nous gratifiera d’un nouveau titre The Silver Square et achèvera son show avec leur très endiablé Trembling Androgyneous.
Je suis ravi d’avoir vu ce soir ce groupe français car il est pour sûr le nouveau représentant du mouvement rock gothique/punk en France. Malgré tout ce soir leur show a été entaché par des problèmes de son, pas catastrophiques en soi mais le concert de Soror Dolorosa aurait pu être bien meilleur.
J’espère les revoir très rapidement et ce dans de meilleures conditions.
L’autre groupe pour lequel je suis également venu ce soir, il est australien comme A Dead Forest Index : il s’agit de Heirs avec comme je vous l’ai dit au départ, en son sein le leader Damian (le batteur) du label OSCL Records.
J’ai tout simplement découvert cette entité lorsque j’ai appris la tournée européenne de Soror Dolorosa à leurs côtés.
Il m’a suffit d’écouter un seul titre, l’éponyme de leur nouvel album « Hunter » et j’ai immédiatement accroché à leur musique quasi instrumentale. Celle-ci peut paraître répétitive mais elle est progressive, captivante et jamais ennuyeuse. Elle est très hypnotisante et cette montée en puissance me prend vraiment aux tripes, comme si mon corps s’imprégnait et absorbait complètement les vibrations créées et provoquées par la musique. Quand je l’écoute, elle me possède et ne me lâche plus mais à aucun moment j’ai envie qu’elle ne le fasse. Ce sont dans ces moments que je me dis que la musique est véritablement sacrée et magique. J’en suis accro, telle une drogue sauf que celle-ci est hautement bénéfique pour mon corps et surtout pour mon esprit.
Je sais que je m’éloigne du sujet principal, le live-report de cette soirée, peut-être parce que la musique de Heirs me trouble. Elle est déstabilisante en tout point et davantage sur scène, le meilleur endroit pour que celle-ci soit vécue pleinement.
Dans le cadre intimiste de l’Espace B, Heirs nous délivre ce soir un concert où votre nuque et vos cervicales sont guidées par la musique du groupe australien. Les membres sont lookés façon gothique mais old-school et avec un côté très punk et rock, comme leur musique avec cette touche Post-Rock très affirmée.
Damian le leader est caché derrière sa batterie, très concentré, avec un regard des plus sérieux, dur et froid mais ô combien fascinant. Ses mouvements de baguettes sont précis et se veulent puissants et lourds.
Le guitariste de session reste très discret contrairement au très impressionnant et autre guitariste, Brent Stegeman. Ce dernier arbore dès le début du concert un chapeau digne du motard en cuir des Village People, mais la comparaison s’arrête là. Je suis face à lui et suis bluffé par sa présence sur scène et son jeu justement. En plus d’être un excellent guitariste, Brent vit intensément la musique. Il bouge et headbangue au rythme des riffs de sa guitare. C’est ce que je préfère en concert, de voir un musicien vivre la musique et se laisser posséder par elle. Ses gestes sont saccadés et secs mais progressifs tout comme l’est la musique.
Chaque musicien vit la musique à sa manière. Laura Bradfield, la bassiste portant une robe sexy et détonante est plus posée, moins à l’aise peut-être car elle cherche parfois le regard du batteur. Malgré tout avec son look remarqué, elle ne demeure pas moins une remarquable bassiste et a une place importante dans la conception de la musique du groupe Heirs.
Côté musique, l’album « Hunter » est largement représenté et le moment que j’attendais le plus pour moi était donc le titre éponyme de cet album. Je vous laisse d’ailleurs découvrir ce morceau pour celles et ceux qui ne le connaissent pas :
Hunter est une pure merveille du Post/Rock avec cette montée en puissance incroyable qui s’installe au fur et à mesure.
Les australiens de Heirs ont fait ce soir sur Paris, à l’Espace B, un splendide concert, vraiment grandiose. Malgré la durée du show, celui-ci est passé trop vite et tout comme moi le public en redemande mais il n’y aura malheureusement pas de rappel(s).
C’est une soirée quasi parfaite qui s’achève ce lundi soir. Elle aurait pu définitivement l’être si le show de Soror Dolorosa n’avait pas été quelque peu gâché par le son.
En conclusion, A Dead Forest Index est une découverte que je dois encore approfondir ; Soror Dolorosa, je ne désespère pas de voir d’eux un show dans d’excellentes conditions; et Heirs, ils m’ont littéralement scotchés et sont les bienvenus en France : ils reviennent quand ils le désirent.
Et je tiens particulièrement à remercier Damian Coward, OSCL Records et Denovali Records pour cet accueil et pour cette excellente soirée.
Rédigé par Metallic.
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