Grimlair – « Au Commencement de l’Ombre » (2009)

Grimlair - Au commencement de l'Ombre (2009)
Limited Edition LP 2009, Self Mutilation Services
Parution :Format :Label :Univers :Pays :
Janvier 2009CDSelf Mutilation ServicesBlack Metal dépressifFrance

Grimlair - Au Commencement de l'Ombre (2009)

Track-list :

1) Alone
2) Guided by Anger and Sadness
3) Painful Emergence from Lucidity
4) Endless Lack
5) Destiny
6) Sum of the Insignificant
7) Lost Conscioussness in a White and Endless Desert
8) Outro
9) Alone (Demo)
10) Guided by Anger and Sadness (Demo)

Line-up :

Cadavre : Tous les instruments et vocaux.
Membres additionnels :

Aucun.

Internet est devenu un outil incroyable et incontournable pour la découverte de groupes, de manière internationale. Car nombre d’entre eux sortent leurs albums grâce à de plus ou moins grosses structures, œuvrant souvent dans l’ombre des géants, non à tort. Rarement dans les articles des magazines, ce sont dans les webzines que l’on peut retrouver les articles concernant telles ou telles intéressantes sorties, sinon en naviguant sur Myspace, YouTube ou encore directement sur les sites de ces multiples labels. Là on se rend vite à l’évidence qu’il y fourmille d’innombrables groupes possédant un fort potentiel et qui, faute de moyens ne peuvent encore percer plus haut. Toutefois, la majeure partie de ces groupes ne veulent pas percer, préférant les ombres inspiratrices de l’underground aux soleils des contrats restrictifs… Précisons que la majorité crée par passion et non pour l’argent, souvent pour exprimer un mal être afin d’éviter le pire.

C’est le cas avec ce groupe français que j’ai découvert par hasard sur le Net, j’ai nommé Grimlair.
Je me suis toujours intéressé à la scène française car celle-ci est très riche et mérite d’être mise en avant. Certains sont vraiment hors circuit et en dehors de la masse, tout à leur honneur et pour notre bonheur

J’ai découvert Grimlair grâce à leur album Au Commencement de l’Ombre sorti en 2009 chez Self Mutilation Services. Je vous dis « leur » mais en fait c’est « son » car ce groupe de Poitiers est l’œuvre d’une seule personne, Cadavre. Les projets solo sont, dans le Metal dépressif, l’expression de sentiments très personnels qui ne peuvent être partagés avec d’autres, ou tout simplement parce que la race des hommes insupporte. Il y a aussi ce pressant besoin de demeurer seul dans sa bulle pour exprimer au mieux son mal être. Oui, dans cet album en ressort une telle souffrance que la musique composée ne pouvait l’être que par cette âme uniquement.

Je caractériserais Grimlair comme du Black Metal dépressif et suicidaire mais ne vous inquiétez pas je n’ai fait aucune dépression suite à l’écoute abusive de cet album ! Je vais dire qu’il fait réfléchir sur la place que nous avons dans ce monde parmi les autres et qu’il peut être extrêmement difficile de vivre parmi les humains ou de vivre tout simplement. Que l’on soit heureux autour n’engage en rien notre être intérieur qui lui peut être d’une frappante mélancolie…

Je suis face à un CD complètement underground, boitier simple sans ISBN mais soigné, avec livret cartonné. Vous ne risquez pas de le trouver à la FNAC du coin par exemple, et c’est un article de collection puisqu’il est limité à 500 exemplaires.

Le moment est venu maintenant de parler de la musique. A la première écoute celle-ci est simple, riffs Black Metal, batterie en retrait derrière la guitare. Je dois dire que la production est aussi primaire que la musique mais pour moi ça ne pose aucun problème car si la production était meilleure et mieux travaillée, voir moderne, nous pourrions peut-être moins ressentir toutes les émotions que Cadavre veut exprimer. Il ne pouvait pas le faire mieux de cette façon, à l’état primaire, au commencement de l’ombre.

Grimlair n’en est pas à sa première création puisqu’il existe depuis 1998 avec plusieurs démos, un split et 3 albums à son actif. Il connait sa passion : mettre en musique sa dépression maladive et l’exprimer par ses mots hurlés de douleur.
Le groupe a sa propre personnalité même si par moment quelques riffs de guitare me font penser à d’autres groupes tels que Blut Aus Nord (2 premiers albums) sur la chanson « Guided by Anger and Sadness » et Falkenbach sur « Destiny« .

L’album Au Commencement de l’Ombre est composé de 10 titres dont 2 (les deux premiers titres) que nous retrouvons à la fin du CD en version démo.
La musique y est excellente et prenante, profonde par ce qu’elle dégage, accompagnée des vocaux et des paroles. Je pense que chacun peut faire sa propre interprétation sur cet album car il est dérangeant à souhait, les sentiments peuvent être multiples. Je ressens un mal-être profond dans cette musique et je pense qu’il s’agit de la retranscription de la vie personnelle de son auteur.

Je vous partage ci-dessous mon écoute titre par titre avec mon propre ressenti au niveau émotionnel et sur la vie de cet être tiraillé entre la laideur du monde, la beauté de la mélancolie et la passion de la musique.

  1. Alone : La voix est plaintive, c’est la vocifération du désespoir. L’être a mal, se sent seul face à ce monde qui n’est pas le sien. Plainte extrême, une colère et une souffrance insoutenables qui sont difficiles à extraire et à exprimer.
  2. Guilded by Anger and Sadness : Chanson très rythmique, la bête surgit. L’homme se lance et ne se contrôle plus, guidé par la colère et la tristesse. Il est tiraillé, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il est lunatique et d’humeur changeante. Il peut passer de la tristesse à la colère, implose, se heurte à l’expression de ses sentiments. Quand il y arrive enfin c’est violent. Puis le calme revient…
  3. Painful Emergence From Lucidity : Mais seule la tristesse subsiste. Il revient à lui dans un moment de lucidité. Une lueur, un espoir, vivre mais pourquoi ? Un monde abrupt, le rêve intérieur, la douloureuse sensation de n’être que transparence au dehors, multitude passionnée en soit.
  4. Endless Lack : Etat triste, statique, très noir. Sombre, si sombre…
  5. Destiny : La souffrance serait-elle ma destinée ? Est-ce la vie ? Ma vie ? Tourmente, lourds sentiments qui s’entrechoquent.
  6. Sum of the Insignifiant : L’être est extrêmement torturé. Il est lui mais il n’est rien aux yeux du Monde et des autres. Ils ne le voient pas. Il est une créature qui atteint le sommet de l’insignifiance.
  7. Lost consciouness in a White and Endless Desert : Il est devenu l’ombre de lui-même perdu dans ce désert sans fin. Sensation d’éternelle condamnation, vivre ainsi dans ce monde, sans plus de conscience car ce monde ne l’acceptera jamais. Et jamais il n’acceptera ce monde.
  8. Outro : Conclusion sonore très pessimiste et dépressive.

La lecture de l’album de Grimlair touche à sa fin et cet album m’a transcendé, bouleversé dès les premières notes car elles dégagent quelque chose de secret et d’obscur. C’est une confession musicale, un moment intime, une invitation à plonger dans les entrailles torturées d’un artiste à l’incroyable talent. Les sentiments qui en ressortent sont indéfinissables mais je dois dire que Cadavre sait parfaitement exprimer au travers de sa musique le désespoir de l’homme face à la solitude, à sa solitude. A sa mort, quelle qu’elle puisse être. Car il est une chose certaine, que Cadavre sait décrire notes par notes : on peut ne pas mourir des ravages de la pensée maladive, mais on peut ne pas vivre. Aller simplement, sur les chemins broussailleux du Destin en compagnie de la tourmente, pour semer les mots et voir éclore derrière soi, les fleurs musicales d’un homme détaché de la masse.

Je vous conseille vivement de jeter une oreille attentive aux productions de Grimlair, vous ne saurez y rester insensible…

Mai 2011,
Rédigée par Metallic.

(Source : https://psychopathia-melomania.blogspot.com/2011/05/grimlair-au-commencement-de-lombre-2009.html)

Cadavre - Grimlair

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